Egon Schiele

Egon Schiele (1890-1918) a dessiné des corps féminins et masculins avec une même intensité et un même érotisme, le sexe de ces personnages figurant au centre de ses représentations. Grâce à ses nus, il a représenté la masturbation, la maternité, la mort, la maladie, l’intimité…

Ses modèles sont représentés désarticulés, seuls ou à deux, sans décor donc sans contexte. Ils nous regardent souvent dans les yeux. Pour l’époque, ça change beaucoup des représentations habituelles dans lesquelles le spectateur (au masculin, car les peintures sont faites pour lui) est plutôt placé en position de voyeur. Des expressions sérieuses ou tourmentées sur le visage, ces personnages évoquent l’angoisse, la souffrance. La misère aussi, avec leurs corps décharnés, où squelette et veines apparaissent.

Schiele a aussi été accusé de viol et de “détournement de mineure”. Bien qu’il n’ait pas été condamné et qu’il soit difficile aujourd’hui de trouver des éléments fiables pour se faire une opinion, Schiele rentre donc dans la catégorie inconfortable des artistes masculins suspects. On peut se rassurer en supposant que son arrestation a été principalement motivée par le puritanisme de son époque.

Fun fact : il y a un an ou deux, l’Office de tourisme de Vienne a voulu communiquer autour du centenaire de la mort du peintre avec des affiches représentant des nus ; en Angleterre et en Allemagne les affiches ont dû être censurées pour cacher les sexes…