Imagine : une personne marche dans la rue, ou bien fait ses courses, ou bien glande sur son canapé. Et brusquement, sans prévenir et sans autorisation, une autre personne, sans doute inconnue, brandit son pénis en érection sous son nez.
C’est violent, c’est une agression sexuelle, c’est de l’exhibitionnisme, et ça ne fait rire personne (en tout cas on l’espère fortement).
Recevoir une “dick pic”, c’est exactement le même principe, sauf que le pénis est brandi via photo interposée, par messagerie ou sur les réseaux sociaux.
Qu’on soit clair·e·s : l’envoi non sollicité de photos de sexe est interdit par la loi en France (c’est du cyber-harcèlement sexuel) et peut faire l’objet d’une plainte.
Une étude états-unienne a demandé à un millier d’hommes de répondre à un questionnaire sur le sujet, notamment pour en savoir plus sur les motivations des expéditeurs. La première, ce serait pour exciter l’autre personne. Pourtant, les destinataires déclarent en masse ressentir du dégoût, de la colère, voire de l’horreur.
Bien sûr, certains le font par provocation, et/ou sexisme, et en connaissance de cause.
Nous préférons nous adresser aux autres : non, n’envoie pas ton pénis en photo si on ne t’a pas dit explicitement “peux-tu m’envoyer une photo de ton pénis s’il-te-plaît ?”. Merci.
Avec consentement, c’est un tout autre sujet.
Envoyer des photos érotiques de soi, c’est vieux comme la photographie. Et avant ça, on s’envoyait des dessins, voire des peintures, pour séduire l’être désiré.
Se prendre en photo pour un·e partenaire sexuel·le ou un·e amoureux·se peut être une source d’excitation délicieuse. À l’ère du numérique, rien de plus facile que de faire un petit selfie de salle de bain pour pimenter sa relation longue distance. Rien de plus facile, aussi, de demander l’autorisation avant ; on se répète mais c’est important.
Si ça te tente, voici quelques petites choses à garder en tête. Premièrement, il faut beaucoup de confiance pour confier une image aussi intime à quelqu’un·e. Es-tu sûr qu’iel la gardera pour elle/lui ? En cas de rupture, assure-toi qu’iel supprime sa collection de photographies de ses différents appareils si l’idée qu’iel les garde en sa possession te dérange.
Et même sans imaginer le pire sur ta ou ton partenaire, un vol d’ordinateur, un·e ami·e mal-intentionné, un piratage de messagerie, etc., sont des possibilités.
Une solution peut être de cacher ton identité : masque, éclairage stratégique, point de vue qui assure ton anonymat… En plus, cultiver le mystère peut-être excitant, de la même manière qu’être suggestif·ve peut être bien plus sympa qu’être explicite. En effet, un gros plan sur un pénis ou une vulve n’est peut-être pas le plus émoustillant, alors qu’une main qui disparaît dans la culotte… cela peut faire rougir le/la plus stoïque dans le métro.
Illustration : Marion Dubois d’après une photo de Chochana Rosso.