Les mutilations des personnes intersexes

Une variation naturelle n’est pas une anomalie

Il arrive plus souvent qu’on ne le croit qu’un bébé naisse avec des caractéristiques sexuelles (chromosomes, organes sexuels internes et/ou externes, hormones) pouvant être attribuées tant au féminin qu’au masculin, ou entièrement à aucun des deux, ou encore ni à l’un ni à l’autre. Ces variations peuvent être repérées dès la naissance ou apparaître plus tard dans la vie, souvent à la puberté. Il s’agit dans la grande majorité des cas de variations saines et naturelles des sexes humains. Il paraît qu’il y a autant de personnes intersexes que de personnes rousses !

Mais dans nos sociétés où l’on impose de cocher la case masculin ou féminin à la naissance et tout au long de la vie, les médecins parlent d’« anomalies du développement sexuel ». Ils conseillent fréquemment aux parents des interventions médicales pour que le corps de l’enfant soit cohérent (ou semble l’être) avec le genre qui leur paraît le plus probable… ou le plus facile à réaliser… Et procèdent régulièrement à de véritables mutilations qui peuvent avoir des conséquences redoutables sur la santé physique, psychique et sur la sexualité de l’individu.

La plupart du temps, les traitements subis par les personnes intersexes sont sans nécessité médicale. Or, il s’agit souvent d’opérations chirurgicales multiples et de traitements hormonaux lourds et prolongés. En plus des complications et des effets secondaires, ils peuvent faire perdre aux organes génitaux mutilés une grande part de leur sensibilité. Qui plus est, la personne peut ne pas se reconnaître dans ce corps modifié sans son consentement et dans le genre auquel on l’a assigné. Personne ne peut savoir à l’avance comment l’identité de genre d’une personne va se développer. Alors pourquoi mutiler des organes génitaux parfaitement fonctionnels pour les rendre conformes à des critères sociaux ?

Des avancées dans la protection des personnes intersexes

Ces dix dernières années, de nombreuses autorités nationales et internationales (Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, etc.) ont déclaré que ces interventions médicales non consenties constituent des violations des droits humains. Elles ont publié des recommandations très claires appelant les pays à faire cesser ces interventions-mutilations lorsqu’aucune nécessité médicale ne les impose.

Le but est de permettre aux personnes concernées de décider elles-mêmes si elles souhaitent ou non modifier leur corps et, si oui, de quelle façon. Pour cela, il est essentiel que celles-ci soient en âge et en capacité de donner un consentement éclairé aux éventuelles interventions médicales.

Sources et relecture : Collectif intersexe activiste