D’où vient ce liquide qui vient couvrir les parois du vagin puis toute la vulve en cas d’excitation sexuelle ?
Il provient pour l’essentiel d’un fluide qui traverse la paroi vaginale. Il permet de réduire les frictions pendant les activités sexuelles.
Deux petites glandes, les glandes de Bartholin, situées dans le vestibule juste en-dessous de l’orifice vaginal, ajoutent leur petite contribution, pas plus d’une goutte chacune, au bout d’un moment.
Attention, la lubrification peut se produire de manière réflexe et ne signifie pas toujours que l’on a envie d’avoir des rapports sexuels !
On s’étonne parfois de se trouver très excité·e et pourtant de constater que la lubrification met du temps à s’installer. Nous ne sommes pas des machines ! La mise en route de la lubrification vaginale de même que sa quantité connaissent des variations importantes, et c’est NORMAL. En effet, le désir ressenti, quoique composante majeure, est loin d’être le seul facteur. Ainsi, la fatigue, le moment du cycle, la prise de certains médicaments et l’âge jouent également un rôle. Après la ménopause, la lubrification du vagin peut être plus lente et moins abondante, mais ce n’est pas systématique, et surtout cela ne signifie pas qu’elle disparaît ! Il suffit alors simplement d’adapter ses pratiques. De même, lorsqu’on est préoccupé·e, par des difficultés relationnelles avec son partenaire, ou pour tout autre raison, cela peut faire obstacle au processus de lubrification. Corps et esprit sont étroitement liés, on y peut rien, mieux vaut l’accepter.
Dans tous ces cas là, si vous ressentez le désir d’une activité sexuelle avec pénétration vaginale, le temps et le lubrifiant* sont vos meilleurs amis ! Sinon, optez pour des caresses externes qui peuvent donner du plaisir et des moments de complicité délicieux aux deux partenaires. Et si vraiment la situation persiste, n’hésitez pas à consulter.
* à choisir à base d’eau si vous utilisez des préservatifs
À l’inverse, la lubrification vaginale peut parfois se révéler très abondante (voire vraiment très très abondante). C’est tout aussi NORMAL et signe de bon fonctionnement, même si certain·e·s en conçoivent un complexe.
Lors d’une soirée filles, deux personnes nous ont raconté qu’à l’adolescence elles avaient cru avoir fait pipi dans leur culotte lors d’un premier baiser vraiment excitant !
Mais attention, cela n’a rien à voir avec l’éjaculation “féminine”. On parle ici de lubrification, c’est-à-dire du liquide qui perle à travers les parois de vagin pour préparer le corps à une éventuelle pénétration. Il arrive que ce liquide, quand il est vraiment très abondant, diminue les sensations de pression et de frottement du pénis dans le vagin, et que l’un des partenaires, ou les deux, se plaignent de ne rien sentir. Ce n’est pas systématique, certain·e·s adorent au contraire et trouvent cela incroyablement excitant !
Si les sensations ne sont pas suffisamment au rendez-vous, le mieux est de changer de position et d’en trouver une qui en procure davantage. Une des personnes présente à la soirée évoquée ci-dessus fait parfois une pause pour essuyer l’extérieur de sa vulve avec un mouchoir en coton (doux et propre !), pour absorber un peu, une autre met une serviette sur le lit pour ne pas avoir à changer les draps à chaque fois.
Mais en aucun cas, on ne se précipite sur la pénétration en zappant la phase d’excitation : un vagin non lubrifié est fragile aux irritations et infections, et il n’est pas prêt pour le plaisir. Et surtout pas de honte ! C’est un réflexe normal du corps, qui comme pour toutes les autres fonctions, se traduit différemment chez chacun·e.
Une chercheuse canadienne, Meredith Chivers, a réalisé une expérience pour comparer le degré d’excitation ressenti à la réaction physiologique d’excitation. Pour cela, elle a installé des hommes et femmes, homosexuel·le·s ou hétérosexuel·le·s, devant des vidéos présentant des scènes de sexe diverses (gay, lesbien, hétéro) et même des scènes de copulation animale ! Elle leur a demandé de noter leur degré d’excitation devant chacune des vidéos, tandis qu’un petit appareil relié à leurs parties génitales mesuraient érection du pénis et lubrification du vagin. Constat : les informations données par la machine et celles données par les personnes sont parfois totalement discordantes. Autrement dit, il arrive que la tête soit excitée mais pas le corps, et que le corps soit excité mais pas la tête !
Cependant tous les groupes ne présentent pas les mêmes résultats. Ainsi, les hommes, quelle que soit leur orientation sexuelle, ont dans l’ensemble un taux élevé de concordance entre excitation génitale et ressenti d’excitation. Chez les femmes, le taux de concordance est plus bas, particulièrement chez les femmes hétéros.
Comment expliquer cela ? On ne peut faire que des hypothèses. Peut-être que les hommes, dont la réaction corporelle est visible, et ce depuis l’enfance, ont-ils commencé très jeunes à associer excitation ressentie et érection et ont ainsi plus de facilité à conscientiser leur excitation ? D’autant que le constat de l’érection peut lui-même entraîner ou accroître l’excitation subjective. Alors que les femmes, pour lesquelles les réactions sont moins visibles, auraient moins développé cette conscience-là. Evidemment les tabous autour de la sexualité féminine doivent jouer leur habituel rôle inhibiteur, être excitée sexuellement n’étant pas quelque chose dont les filles ont appris à être fières, bien au contraire…
Cette expérience a aussi montré que, même en l’absence totale d’excitation subjective, les vagins ont tendance à s’humidifier légèrement, et ce quelque soit la scène présentée, même le coït des bonobos. Attention, cela ne signifie pas que les femmes soient excitées par tout ou n’importe quoi ! La raison est plutôt à rechercher dans une réaction réflexe du corps, qui devant des images identifiées comme sexuelles par le cerveau, commencerait automatiquement à préparer sa protection pour une éventuelle pénétration.
Cette expérience fascinante soulève beaucoup de questions… Et elle nous rappelle au passage que nos organes génitaux peuvent entrer en érection, être lubrifiés, sans qu’on ait du tout envie de faire du sexe, mais également qu’on peut avoir très envie de sexe sans que les réactions physiologiques soient au rendez-vous.