Lèvres externes, lèvres internes, gland et capuchon du clitoris, vestibule du vagin… toutes les parties de la vulve sont très érogènes. À nous de découvrir les zones qui nous apportent le plus de plaisir. Et oublions définitivement la théorie freudienne qui distingue orgasme clitoridien et orgasme vaginal, et selon laquelle le premier correspondrait à un stade infantile et archaïque de la sexualité féminine et le second à la maturité que devrait atteindre toute femme adulte. Freud estimait en effet que les femmes qui ne pouvaient se passer de stimulation clitoridienne pour parvenir à l’orgasme étaient immatures et frigides, pathologie qu’il fallait traiter par… la psychanalyse bien entendu ! Cette théorie a dû être très rentable pour les psy quand on sait que, pour plus de 2/3 d’entre nous, la pénétration vaginale seule ne procure pas d’orgasme…
La distinction orgasme clitoridien / orgasme vaginal est aujourd’hui largement remise en question. En effet, selon les (re)découvertes récentes sur la véritable anatomie du clitoris, les parties internes du clitoris seraient en grande partie à l’origine du plaisir vaginal puisque le clitoris et les parois du vagin sont en contact.
Pour découvrir les caresses de la vulve qui procurent le plus de plaisir, quoi de mieux que d’essayer d’abord sur soi-même, tranquillement et dans l’intimité ? Si vous n’avez pas encore eu l’occasion d’explorer cette partie de votre anatomie, voici quelques tuyaux pour commencer. Beaucoup de personnes se caressent la partie externe du clitoris de manière indirecte (le gland étant très sensible, les caresses directes peuvent faire mal ou irriter), à travers le capuchon, les lèvres internes ou un morceau de tissu (sous-vêtement par exemple). Plusieurs alternent entre stimulation clitoridienne et caresses de toute la vulve, et jouent avec des changements de rythme, de cadence ou de pression. Il ne faut pas hésiter à ajouter du lubrifiant pour plus de confort.
On peut aussi découvrir les techniques de masturbation des un·e·s. et des autres en compulsant l’excellent livre de Shere Hite, Le nouveau rapport Hite, aux éditions J’AI LU. Ou, si on veut des explications plus imagées, proches du mode d’emploi, s’abonner aux sites payants OMGYes (américain) ou Climax.how (français). Des femmes y expliquent leur méthode de masturbation, puis montrent comment elles font en vidéo.
Quand on a identifié les caresses qui nous donnent du plaisir, on peut transmettre ce savoir-faire à notre partenaire. En effet, puisque chaque personne est différente, votre partenaire ne connaît pas à l’avance votre mode d’emploi. Mais on peut aussi se donner ces caresses à soi-même pendant une relation sexuelle avec son partenaire. On ne le dit pas assez, mais l’auto-stimulation est un excellent moyen d’atteindre l’orgasme pendant un rapport sexuel. On hésite souvent à en parler à son/sa partenaire de peur de le/la vexer. Mais pas de complexes ! Partager un moment de plaisir sexuel à deux ne signifie pas que le plaisir doit nous être donné exclusivement par l’autre.
Dans les années 1970, Shere Hite, étudiante en histoire et militante féministe américaine, rédigea un questionnaire très précis sur la sexualité féminine et l’adressa à des milliers de femmes. Leurs réponses, anonymes, donnèrent lieu, en 1976, à la publication d’un volumineux rapport connu sous le nom de Rapport Hite. Celui-ci met notamment en évidence le fait que la majorité des femmes n’ont pas d’orgasme pendant le coït mais que la plupart d’entre elles jouissent sans difficulté en se masturbant. Shere Hite tira de leurs témoignages un tableau édifiant qui distingue 6 types principaux de masturbation. Le type 1 est le plus courant (73 %) : il regroupe les femmes qui stimulent manuellement leur zone clitoridienne/vulvaire allongées sur le dos. Les femmes du type 2 (5,5 %) font la même chose, mais couchées sur le ventre. Celles du type 3 (4 %) poussent leur vulve contre un objet doux. Celles du type 4 (3 %) serrent simplement leurs cuisses de manière répétée. Quant à celles du type 5 (2 %), elles utilisent un jet d’eau pour masser vulve et clitoris. Enfin, les femmes du type 6, les moins nombreuses (1,5 %), se masturbent à l’aide de… la pénétration vaginale ! Le tableau mentionne aussi 11 % de femmes qui combinent plusieurs techniques. Les travaux de Shere Hite ont fait scandale à l’époque, tant et si bien qu’elle quitta son pays et renonça même à la citoyenneté américaine.
Faisons quand même un point rapide sur le point G ! Certaines personnes décrivent une zone – pas un point – de la paroi antérieure (vers l’avant) de leur vagin où leurs sensations de plaisir sont plus intenses. Toutefois, jusqu’à présent, les recherches n’ont pas pu mettre en évidence l’existence d’une structure anatomique expliquant les sensations décrites. Selon la gynécologue Odile Buisson, la sensibilité particulière de cette zone chez certaines personnes est due à la stimulation des parties internes du clitoris, lesquelles s’adossent justement à la partie antérieure basse du vagin. Des études ont par ailleurs établi un rapport entre zone G et éjaculation féminine. Mais attendons d’en savoir plus ; les recherches sur la sexualité féminine n’en sont qu’à leurs balbutiements. Et pendant que les scientifiques travaillent, faisons-nous notre propre opinion en observant nos sensations et celles de nos partenaires !