L’orgasme

Les manifestations physiques

L’orgasme est souvent perçu comme le moment le plus intense, le sommet du plaisir sexuel. Physiologiquement, il correspond au relâchement des tensions accumulées pendant l’excitation.

Masters et Johnson, les pionniers de la sexologie moderne, en ont décrit les manifestations physiques après avoir observé, dans les années 50, des centaines d’actes sexuels en laboratoire. Ils ont notamment constaté que, au moment de l’orgasme, le premier tiers du vagin se contracte rythmiquement pendant environ 0,8 secondes et de 5 à 15 fois en moyenne selon l’intensité de l’orgasme. Ces contractions concernent aussi l’anus et l’utérus. Elles sont involontaires et procurent des sensations très plaisantes. Masters et Johnson ont démontré, ce qui était révolutionnaire pour l’époque, que tous les orgasmes féminins sont physiologiquement identiques, qu’ils aient été déclenchés par stimulation du vagin ou du gland du clitoris.

Les fameuses contractions font maintenant partie de la définition de l’orgasme. Pourtant, certaines personnes décrivent ressentir une jouissance longue et apaisante, qui s’estompe progressivement sans la survenue des fameuses contractions… En matière de sexualité, les définitions sont bien difficiles à donner !

 

Avoir un orgasme ou pas

Certain·e·s n’ont jamais connu d’orgasme. Patience ! La plupart du temps, l’orgasme vient avec le temps, l’expérience et l’exploration de soi.

Il arrive aussi que l’on ne soit pas sûr·e d’avoir déjà eu un orgasme. Soit parce qu’effectivement on n’en a pas encore eu. Soit parce que nos sensations physiques ne correspondent pas avec les descriptions qu’on lit le plus souvent. Soit encore parce qu’on n’a pas perçu les manifestations physiques de l’orgasme comme du plaisir. En effet, l’orgasme est une combinaison d’aspects physiques et d’aspects émotionnels*, et il faut que les deux concordent pour que le plaisir soit au rendez-vous.

Quoi qu’il en soit, l’orgasme est une expérience très agréable mais il n’est indispensable ni au bonheur, ni à l’épanouissement, ni à l’identité sexuelle.

* Attention on ne dit pas qu’il faut forcément ressentir de l’amour pour jouir ! Par aspect émotionnel, on parle ici d’un état psychologique suffisamment réceptif pour permettre le lâcher prise et la perception des ressentis voluptueux.

 

Différents types d’orgasme ?

La distinction freudienne orgasme vaginal / orgasme clitoridien a perdu son sens puisque, selon Masters et Johnson, les manifestations physiques sont les mêmes et que les études récentes sur l’anatomie du clitoris tendent à montrer que le plaisir vaginal viendrait d’une stimulation des parties internes du clitoris. Toutefois, on peut obtenir un orgasme en stimulant différentes zones du corps, et les sensations orgasmiques peuvent être différentes selon la zone stimulée. Cela n’est pas seulement vrai pour les orgasmes obtenus par stimulation du vagin ou du gland du clitoris. Certain·e·s décrivent en effet des orgasmes prenant leur source au niveau du col de l’utérus, des seins, de l’urètre, de l’anus etc. ou d’une combinaison entre différentes zones !

En effet, si les organes génitaux sont innervés de façon à nous procurer du plaisir sexuel, l’orgasme peut également naître de la stimulation d’autres endroits, parfois de zones sans aucun lien avec la sexualité, parfois même sans stimulation physique du tout ! C’est ainsi que certaines personnes parviennent à jouir pendant un rêve érotique. Et que des personnes dont la région génitale est devenue insensible à la suite d’une grave blessure à la colonne vertébrale accèdent au plaisir sexuel simplement en fantasmant, ou par des caresses par exemple du lobe de l’oreille ou de toute autre zone. Le cerveau serait-il notre premier organe sexuel ?

Cela dit, on ne va pas se mentir, l’orgasme obtenu en stimulant le gland du clitoris est le plus courant et le plus facile à obtenir. Les personnes pouvant jouir uniquement par pénétration vaginale seraient moins de 30%… La plupart ont besoin de caresses du clitoris externe pour obtenir un orgasme, même pendant une pénétration vaginale.

Alors, est-ce qu’il y a vraiment différents types d’orgasme ? Pour répondre à cette question il faut aussi se poser la question des ressentis.

Des ressentis très différents 

Le rapport Hite comporte des dizaines de témoignages de femmes qui décrivent leurs sensations orgasmiques. Même s’il date de 1976, il est toujours d’une actualité brûlante !

Dans les descriptions publiées, il y a une trame que l’on retrouve presque toujours : sensations de chaleur, de pulsations ou de fourmillement au niveau de la vulve, qui s’étendent ensuite plus ou moins dans le corps et s’accompagnent d’un soulagement et d’un plaisir d’intensité variable*.

Par contre, les images employées pour décrire ces ressentis corporels sont incroyablement diverses et parfois très poétiques : « vagues de bien-être », « ondes de plaisir intenses qui parcourent tout le corps », « relaxation profonde », « feu d’artifice » ou encore « explosion fulgurante de joie »… Certaines personnes disent que le monde autour d’elles cesse d’exister, d’autres au contraire se sentent totalement connectées à leur partenaire ou carrément à l’univers ! Et les différences ne s’arrêtent pas avec l’orgasme. Juste après, certaines sont parfaitement détendues quand d’autres débordent d’énergie.

Enfin, beaucoup décrivent des sensations orgasmiques différentes selon la zone stimulée.

Bref, il existe probablement presque autant de ressentis de l’orgasme que de personnes. C’est fascinant, mais cela ne nous aide pas à catégoriser les orgasmes ! Mais au fond, est-ce si important ? Mieux vaut sans doute accepter que, au-delà de quelques caractéristiques physiologiques communes, l’orgasme est une expérience fondamentalement individuelle. L’essentiel est de trouver ce qui nous fait du bien, à nous et à nos partenaires !

 

*Il est important de noter que l’orgasme n’est pas toujours l’expérience extraordinaire que l’on imagine. Cela peut être un feu d’artifice ou un simple relâchement de la tension, et toute la gamme entre les deux.