L’injonction à faire du sexe – et surtout à aimer ça – peut peser sur absolument tout le monde, même si c’est de manière différente selon l’identité de genre, le genre social, l’orientation sexuelle, l’apparence physique, le handicap, la maladie, l’âge, etc. Elle prend différentes formes. C’est par exemple le cliché des hommes qui “ne pensent qu’à ça” (alors quand ils sont deux, imaginez…), la pression pour atteindre l’orgasme, la valeur d’un couple mesuré à la fréquence de leurs rapports sexuels. Autres idées que l’on entend parfois : si vous n’aimez pas vous masturber, c’est parce que vous vous y prenez mal ; si vous n’expérimentez pas entre les draps, c’est que vous manquez d’imagination. Et si vous ne ressentez pas d’attirance sexuelle ? C’est qu’il y a un truc qui cloche, ou bien que cela passera.
Dans notre équipe, il y a (au moment de la rédaction de ce texte) quatre rédactrices différentes. L’une d’entre elle est asexuelle, et s’en est rendue compte passés vingt-cinq ans, après plus de dix ans d’activité sexuelle. S’il lui a fallu tant de temps pour comprendre son propre rapport à la sexualité, c’est en partie parce que ne pas aimer le sexe, ne pas rechercher à tout prix le plaisir sexuel, c’est assez mal vu. Elle n’est ni prude ni frigide ; elle n’est pas repoussante ; elle aime les gens, et passer la nuit avec eux ; elle trouve que chacun·e devrait pouvoir vivre sa sexualité telle qu’iel l’entend.
C’est bien ça le message qu’on aimerait vous faire passer : chacun·e devrait vivre sa sexualité en accord avec ses propres ressentis, du moment bien sûr qu’il y a respect et consentement de toutes les parties. Et parfois, ça veut dire ne pas vivre de sexualité du tout, ou rarement, ou de manière non conventionnelle.