TW : racisme, violences gynécologiques
Entre eugénisme et expérimentations hasardeuses, les populations racisées (ou toute autre communauté opprimée par un groupe dominant) ont souvent subi de terribles violences gynécologiques.
En Occident, nos droits sexuels durement acquis reposent souvent, malheureusement, sur la souffrance d’autres personnes. Il nous paraît important d’en parler ; non pas pour remettre en question nos droits et leurs avancées, mais pour comprendre d’où ils viennent et être vigilant·es aujourd’hui, car certaines de ces violences n’appartiennent pas qu’au passé.
En préparant ce texte, nous sommes tombées sur de très nombreux exemples d’actes abominables réalisés par des médecins sur d’autres personnes au nom de la science. C’est difficile à digérer, que ce soit les expérimentations chirurgicales réalisées sans anesthésie sur des esclaves noires (James Marion Sims au 19e siècle), cette expérience longue de 40 ans sur les effets de la syphilis sans traitement, réalisée sur des hommes, femmes et enfants noir·es américain·es (expérience de Teskegee de 1932 à 1972), les essais de la première pilule contraceptive sur des femmes pauvres de Porto Rico (années 50), etc. Cette liste est loin d’être exhaustive. Il ne s’agit pas d’événements isolés, mais d’une longue histoire de violences et de meurtres sur des personnes considérées comme moins humaines, moins dignes et moins précieuses que leurs pair·e·s.
On peut donc légitimement s’interroger : si la médecine moderne a été fondée sur des principes et des expériences racistes, combien de biais racistes sont-ils encore présents dans les théories scientifiques et les pratiques médicales d’aujourd’hui ?
Depuis des siècles et jusqu’à aujourd’hui encore, des programmes de stérilisation forcée émergent, visant des populations jugées par d’autres comme indésirables. Voici trois exemples. Deux appartiennent au passé récent, l’autre est terriblement actuel.
Aux États-Unis, une étude publiée fin juillet 2020 rapporte que l’État de Caroline du Nord a stérilisé de force et en masse des hommes, femmes et enfants noir·es, jusque dans les années 70.
En France, à la Réunion, des avortements forcés ont été infligés à de nombreuses femmes par des médecins blancs à partir de 1945. Alors même que la contraception et l’avortement sont à l’époque interdits en France !
En Chine, les Ouïghour·es, une communauté de musulman·es. sont persécuté·es par le gouvernement : camps de travail forcé, viols, torture, répression massive… et contraception et avortements forcés. Des témoignages rapportent notamment la pose forcée de stérilets (ou DIU). On en parle dans les médias internationaux que depuis peu de temps.
Que ce soit clair : proposer des moyens de contraception fiables à tou·te·s et les imposer à des personnes non consentantes sont deux choses complètement différentes.