Représenter une femme nue a très longtemps été un tabou pour tout·e peintre·sse. Dessiner, peindre ou sculpter des figures dénudées de la mythologie ou de l’histoire, ça passe encore, pour peu qu’on respecte les codes et qu’on cache les sexes. Mais dessiner la voisine d’à côté, pas du tout. Si bien que l’histoire de l’art contient son lot de scandales au sujet de peintures osant évoquer la sexualité des femmes. La Maja desnuda (la Maja nue), peinte en 1790, par Goya, est un exemple parmi d’autres. Sur ce tableau, Goya représente une femme entièrement nue, allongée et même “alanguie” comme on la décrit souvent. Elle regarde directement son public, les mains derrière la tête, avec un petit air décadent, genre “coucou toi”. Et sur le bas de son ventre, discrète mais bien là : une petite touffe de poil.
Certes, ce tableau est moins explicite que L’origine du monde, de Courbet, qui a été peint 75 ans plus tard (on vous en parle ici). Sauf qu’une “maja”, c’est une femme de la classe populaire en espagnol… c’est-à-dire la voisine d’à côté. L’Inquisition intente donc un procès au peintre pour obscénité et réussit à interdire le tableau au public pendant plusieurs décennies.
Petite anecdote : en 1930, la poste espagnole craque son slip et décide d’imprimer ce tableau sur une série de timbres. C’est la première fois qu’une femme nue est représentée sur ce support, et, bien sûr… scandale international. La poste états-unienne refuse carrément les enveloppes, et les retourne à l’envoyeur.