La pénétration du vagin, ça peut être très bon et même conduire à l’orgasme. Mais il arrive que cela ne procure pas les sensations attendues et que cela soit douloureux. Il circule tellement d’images de femmes jouissant par la pénétration vaginale, en se masturbant ou avec un.e partenaire, que beaucoup pensent encore que le plaisir va venir automatiquement de cette façon – et se sentent anormales.aux ou incompétent.e.s quand ça ne vient pas. Combien se sont épuisé·e·s à chercher le fameux point G dont les magazines féminins nous rebattent les oreilles chaque été !
On sait aujourd’hui que le vagin est peu innervé, donc moins sensible que le gland du clitoris et que celui du pénis. De surcroît, peu l’explorent avant de commencer leur vie sexuelle, ce qui expliquerait que sa sensibilité aux caresses soit au départ peu développée et qu’elle s’améliore avec l’expérience. Quelles qu’en soient les raisons, des caresses clitoridiennes (partie externe du clitoris) concomitantes sont souvent nécessaires pour parvenir à l’orgasme lors d’un rapport sexuel avec pénétration.
En 1968, la féministe new-yorkaise Anne Koedt écrivit un article intitulé « Le mythe de l’orgasme vaginal ». En 2018, Martin Page, romancier, a auto-édité un essai intitulé Au-delà de la pénétration. Ils disent tous deux que, si la pénétration vaginale procure la stimulation idéale au pénis, ce n’est pas le cas pour la vulve et le vagin. Martin Page dénonce le fait que, dans les relations cis-hétéro, les rapports sexuels se résument souvent au combo préliminaires-pénétration-éjaculation, qui a de grandes chances de satisfaire les hommes et assez peu de faire jouir les femmes.
En se plongeant dans les témoignages, on constate que, si le clitoris (partie externe) est souvent le plus court chemin vers l’orgasme, la pénétration vaginale peut aussi procurer des sensations délicieuses. Si certain·e·s ne ressentent pas grand-chose au niveau du vagin, d’autres décrivent au contraire un plaisir profond, plus long et plus diffus que leurs sensations orgasmiques clitoridiennes, et d’autres encore un véritable orgasme. Ces sensations seraient notamment dues à la stimulation, à travers les parois du vagin, des parties internes du clitoris. Mais, au fond du vagin, le col de l’utérus peut également apporter du plaisir quand il est stimulé par une pénétration profonde.
Les ressentis sont incroyablement différents d’une personne à l’autre. Mais, dans un grand nombre de cas, le plaisir vaginal a été le fruit d’une évolution, parfois longue. Doit-on en déduire que ce plaisir est une potentialité, qui s’exprimerait dès le début de la vie sexuelle pour quelques chanceux.ses et qui pourrait se développer avec le temps et l’expérience chez une partie des autres ? Retenons surtout qu’il n’y a ni une seule ni une bonne façon de jouir !
Le saviez-vous ? Une phase d’excitation d’environ 20 minutes — c’est une moyenne — est nécessaire pour que vulve, clitoris et vagin soient prêts pour la pénétration vaginale. Afin que les sensations soient au rendez-vous, il faut en effet laisser le temps à la vasocongestion (ce gonflement des tissus de la vulve, du clitoris et du vagin dû à l’afflux de sang) et à la lubrification de s’installer complètement. Si la pénétration intervient trop tôt, le plaisir est rare et il peut même y avoir de la douleur.
Quelques astuces pour aller à la recherche de ses sensations : prendre le temps d’explorer son vagin, stimuler différentes zones, mobiliser (serrer/relâcher) les muscles de son périnée et basculer doucement son bassin d’avant en arrière pendant la pénétration. Et pourquoi pas tester de nouvelles positions (sur le côté, sur le ventre, assis·e, etc.) ?
Dans les relations cis hétérosexuelles, la norme associe directement les relations sexuelles à la pénétration, et l’oppose aux « préliminaires ». Si tu ne pénètres pas, si tu n’es pas pénétré·e, pour beaucoup ça n’est pas du « vrai » sexe. Pourtant, il existe une multitude de pratiques qui apportent du plaisir, voire des orgasmes, en dehors de la pénétration pénis-vagin.
Quand on aime le sexe, ça peut aussi dire aimer la stimulation de la vulve, du clitoris, du gland du pénis, de l’anus, de la prostate, des zones érogènes de manière générale chez l’un·e et l’autre.
En plus, le plaisir découlant de la pénétration seule est souvent inégal : pendant celle-ci, 9 hommes sur 10 ont un orgasme, pour 2 femmes sur 3 (enquête IFOP, 2015). On ne veut pas non plus stigmatiser la pénétration, qui peut être très chouette ! Mais pourquoi ne pas faire des tentatives hors des sentiers battus (et risquer des ratés des fois… mais c’est comme ça aussi qu’on en apprend sur soi) pour une sexualité plus inventive et plus variée sans forcément passer par des positions acrobatiques ?