Le périnée (sans distinction de sexe et genre)

Petite précision importante avant de rentrer dans les détails. Dans le langage quotidien, voire médical, on utilise parfois le mot “périnée” pour désigner des choses différentes… Même dans des sources fiables ! Nous parlerons ici de l’ensemble de muscles, ligaments, et membranes très solides qui ferment le bassin dans sa partie basse.

Étonnement, le périnée est encore moins connu chez les personnes ayant un pénis que chez les personnes qui vont être concernées par l’accouchement et la ménopause (et les personnes assignées au sexe féminin de manière générale). Si on est enceint·e, on aura probablement entendu parler de rééducation périnéale. Si on approche l’âge de la ménopause, on nous parlera d’incontinence. Pourtant, les muscles situés dans cette zone sont utiles chez tout le monde, sans distinction d’âge, de sexe ou de genre. Même si votre périnée ne vivra pas d’accouchement ni de ménopause, c’est une zone précieuse dont il faut prendre soin.

Vous savez sans doute où le périnée se situe, à peu près : autour de la région génitale. Plus précisément, c’est la paroi qui s’étend entre les os du bassin, du pubis jusqu’au coccyx (le bas de la colonne vertébrale). Entre les deux, il forme une sorte de « hamac » qui stabilise le bassin et soutient l’ensemble des voies digestives, urinaires et de l’appareil génital. Il a un rôle dans la continence (il nous permet de nous retenir d’uriner, ou de déféquer), ainsi que dans la sexualité et la reproduction. Il participe notamment aux orgasmes en se contractant et se détendant plusieurs fois…

On vous a préparé une vidéo montrant les différentes couches de muscles du périnée version vulve. Les pénis, on ne vous oublie pas, promis, faites défiler la page pour plus d’informations !

 

Le centre tendineux du périnée

La zone entre l’anus et le vagin ou le scrotum (la poche contenant les testicules) est parfois appelée le périnée (comme dit plus haut, le terme périnée est un peu malmené). Elle est bien plus grande entre le scrotum et l’anus qu’entre le vagin et l’anus, mais peut être source de plaisir pendant le sexe pour tous·tes, vous en avez peut-être donc entendu parler dans un cadre sexuel. Son nom est en réalité le “centre tendineux du périnée”.

Anatomiquement, le centre tendineux du périnée est constitué du croisement de plusieurs muscles du périnée, sur plusieurs épaisseurs. Il est donc très résistant, et plus ferme que les parties qui l’entourent.

C’est une zone bien innervée (comme toute la zone entre nos jambes, à vrai dire) c’est pourquoi elle peut être très érogène ! Vous pouvez tester sur vous-même ou votre partenaire si ça vous tente : il y a plein de manière de stimuler cette zone avec les doigts ou la bouche. Vous pouvez appliquer une légère pression répétitive, en observant les réactions de l’autre. Vous pouvez faire des va-et-vient avec votre langue ou vos doigts. Vous pouvez stimuler le centre du périnée en massant à l’extérieur ou par l’intérieur, via l’entrée du vagin…

Et chez vous, c’est une zone sensible à la stimulation ?

 

 

Le périnée, quand on a une vulve et un vagin

Les muscles du périnée jouent un rôle important pendant le sexe. Comme ils enserrent toute la région génitale, leur contraction – volontaire ou non – peut, en mobilisant cette zone, augmenter les sensations de plaisir. Pendant la pénétration vaginale, en serrant son périnée on accroît également la pression du pénis ou du sex-toy sur les parois du vagin, et en général celui-ci apprécie (et le pénis aussi). Par ailleurs, cette contraction accroît l’afflux sanguin dans les organes génitaux ce qui contribue à augmenter l’excitation sexuelle. Certaines personnes parviennent ainsi à orgasmer rien qu’en contractant volontairement leur périnée ! Enfin, au moment de l’orgasme, les muscles du périnée se contractent puis se détendent plusieurs fois de manière réflexe, participant intensément au plaisir ressenti, que la stimulation soit clitoridienne ou vaginale.

Si vous êtes curieux·ses, vous pouvez d’ailleurs partir à la découverte de votre périnée ! Installez-vous confortablement, insérez un doigt dans votre vagin, et palpez les parois : repérez-vous une fermeté différente entre l’entrée du vagin et la partie plus profonde ? Vous pouvez contracter le périnée en imaginant que vous refermez sur elle-même l’entrée de votre vagin. Lorsque le périnée est bien tonique, vous sentez le mouvement sous vos doigts.

La grossesse, l’accouchement, la ménopause (une histoire d’hormones qui agissent sur cette zone) peuvent provoquer un relâchement du périnée. Pendant la grossesse, il est au top : il soutient le poids du fœtus grâce aux différents muscles mais aussi aux membranes (ou “fascia”) qui s’étendent entre les différentes parties du bassin. Ça peut le fragiliser. En cas de césarienne comme d’accouchement par le vagin, le périnée est donc souvent distendu, parfois abîmé. Lorsque l’accouchement a lieu par voie basse (par le vagin donc), le périnée est étiré, dans certains cas déchiré ou même incisé (cela s’appelle une épisiotomie). Dans tous les cas, il est utile de rééduquer son périnée, chez soi ou avec un·e professionnel·le de santé (sage-femme, kiné). A la suite d’une grossesse, c’est même entièrement remboursé par la sécu.

 

Le périnée, quand on a un pénis

Pour les personnes de sexe masculin, un périnée relâché peut également être responsable de problèmes de continence. Il peut aussi être à l’origine de soucis liés à la sexualité. Ça peut être des difficultés à obtenir ou maintenir l’érection, des difficultés à atteindre l’orgasme ou des sensations de plaisir moins intenses.

Un périnée très tonique ou qui a du mal à se relâcher peut aussi causer une éjaculation trop rapide et des douleurs lors d’une pénétration anale. Dans le cas de la pénétration anale, si elle peut être douloureuse ou inconfortable au début, ce n’est ni une constante, ni quelque chose à accepter ! C’est vrai aussi pour les personnes de sexe dit « féminin », bien sûr. Le secret, c’est d’y aller doucement et progressivement, jusqu’à ce que le plancher pelvien et les muscles du sphincter soient bien relâchés. Allez voir notre texte sur la pénétration anale, on en parle plus en détail.

Apprendre à comprendre son corps est utile pour tout le monde. Savoir si son périnée est trop tendu, ou pas assez, ça permet d’agir sur son propre plaisir, de maintenir plus longtemps une érection si on en a envie, ou d’augmenter son plaisir et d’atteindre l’orgasme. Vous pouvez tester pendant la masturbation : essayez de sentir ce qui se passe si vous ralentissez et approfondissez votre respiration, ou si vous contractez puis décontractez les muscles du périnée.

Mais ne vous mettez pas la pression : trop se focaliser sur une seule région de son corps et s’en vouloir si on n’arrive pas à en « faire » ce qu’on aimerait, c’est contre productif. En revanche, explorer son corps pour mieux le comprendre, ça, c’est utile et très sain ! Et encore une fois, le sexe n’est pas une activité où vous devez être le·la meilleur·e. Oubliez les comparaisons et les compétitions ! Le bon sexe est une activité plaisante, physiquement et psychologiquement.

 

Le périnée en difficulté

Un périnée affaibli est un périnée qui ne fait pas correctement son travail, et ça peut être gênant au quotidien. Cela se traduit souvent par des fuites urinaires, quand on tousse ou on éternue par exemple. Certaines conséquences sont plus graves et plus rares, c’est le cas de la descente d’organes (ou prolapsus).

À l’inverse, le périnée peut être trop tonique, c’est-à-dire trop contracté. Si vous avez du mal à insérer un tampon ou une cup, si vous avez des douleurs pendant la pénétration vaginale ou anale, il est possible que ce soit votre cas. On peut alors recourir au massage des muscles du périnée, à des exercices de relaxation… Là aussi, un·e professionnel·le de santé peut vous aider.

Si vous pensez que votre périnée n’est pas au top, mieux vaut consulter un·e spécialiste avant de faire des exercices tout·e seul·e. Vous risquez d’empirer votre situation si vous décidez de faire des exercices de renforcement, alors que vous avez besoin de tout l’inverse, par exemple. 

 

Prendre soin de son périnée

Il y a plusieurs réflexes simples qui permettent de préserver le périnée au quotidien. En effet, celui-ci peut être impacté par plein de choses anodines… Par exemple, il peut être relâché après de longues périodes de toux ou d’éternuements (avis aux personnes ayant eu un covid long et violent). Le contracter quand on éternue et quand on tousse permet de le préserver.

On peut aussi faire attention à ne pas bloquer sa respiration quand on est stressé·e ou concentré·e, parce que cela amène une pression vers le bas, sur l’ensemble du périnée. Éviter de se retenir pour aller aux toilettes lui épargnera également des contractions prolongées inutiles.

Attention aussi aux efforts physiques dits “hyperpressifs” (c’est-à-dire qui poussent sur le périnée) qui peuvent affaiblir votre périnée. Les sports pendant lesquels on sautille : corde à sauter, trampoline, courses à pied, etc. peuvent aussi l’abîmer.

Enfin, il est préférable de plier les genoux plutôt que de se pencher en avant quand on se baisse (votre dos vous remerciera aussi), de contracter les muscles pelviens quand on porte quelque chose de lourd, de faire attention pendant certaines poses de yoga ou exercices abdominaux… Un·e bon·e professeur·e de sport saura vous aiguiller, votre sage-femme, votre kiné pourront également vous donner de bons conseils sur ce sujet.