Le sexe anal est une pratique sexuelle complètement légitime et potentiellement épanouissante. L’anus et le rectum sont des zones érogènes, et comme toutes zones érogènes, elles peuvent apprécier la stimulation. Par ailleurs, sexe anal n’implique pas forcément pénétration !
Le sexe anal a parfois mauvaise presse : on a peur d’avoir ou de faire mal, on a peur que ce soit sale, on l’associe à des images négatives issues du porno ou de la société, etc. On va essayer de déconstruire tout ça, en plus de vous donner des conseils. Bien faite, la pénétration anale peut aussi aider à déconstruire le script hétéronormé de la relation sexuelle. En effet, elle nécessite beaucoup de temps et de douceur, ainsi que de la communication.
Avant de vous lancer avec votre partenaire, parlez-en ensemble, et renseignez-vous. Pour confier son anus à l’autre, il faut avoir confiance en son ou sa partenaire. Vous pouvez être novices tou·te·s les deux dans la pratique, mais vous devez être tou·te·s les deux prêt·e·s à vous éduquer et à faire les efforts nécessaires pour que ça se passe bien !
Rentrons (sic) dans le vif du sujet.
Même s’il n’est absolument pas obligatoire, un lavement peut être une bonne idée si vous avez peur d’être « sale ». Bien sûr, faire du sexe suppose la présence de fluides corporels, et votre rectum n’est probablement pas aussi sale que vous l’imaginez. Mais on recommande le lavement si vous sentez que vous êtes stressé·e à l’idée de ne pas être propre, car un rectum tendu est un rectum qui ne sera pas heureux d’être pénétré.
Mais attention ! On ne se lave pas avec n’importe quoi ! Pas de tuyau de douche, pas de grands jets d’eau, mais une poire à lavement que vous aurez acheté en ligne ou en pharmacie, et un peu d’eau (pas de savon !). Pas besoin de vous récurer l’intestin, une pénétration anale n’est pas une coloscopie, et seul le rectum (donc 10 à 15 cm en tout) est concerné par le lavement.
Des lavements trop fréquents peuvent déséquilibrer la flore anale, il ne faut pas en faire tous les jours. On y va doucement, et on cherche des tutoriels. Le compte instagram @orgasme_et_moi a fait des tutos et vidéos très complets, qu’on vous conseille chaudement si vous voulez vous lancer.
En revanche, point de vue hygiène, il est important de se laver les mains avant de pénétrer avec les doigts, et de ne pas passer de l’anus au vagin, car les bactéries du premier pourraient poser des problèmes au second.
Et comme comprendre son anatomie aide toujours quand on s’aventure dans le sexe, on vous montre comment se présente cette zone.
Avant toute chose : pour le sexe anal, le lubrifiant est votre meilleur ami, il vous accompagnera tout au long de votre exploration. Partez du principe que vous n’en mettrez jamais trop. Renseignez-vous sur les lubrifiants et leurs différentes incompatibilités selon les matières.
Quand on dit sexe anal, on visualise souvent la sodomie (par un pénis ou sextoy), alors qu’il peut avoir plein de formes différentes :
– Vous pouvez par exemple rester très superficiel·le, avec des caresses tout autour de l’anus, et dans l’entrée du rectum (avec du lubrifiant, donc). Commencer par là permet en plus de se mettre à l’aise avec cette zone érogène. Restez à l’écoute des sensations que cela vous procure, vous pouvez déjà sentir à ce stade si votre anus est a priori prêt à être pénétré ou si au contraire il est plutôt réfractaire.
– L’anulingus, c’est faire des caresses avec la langue. Vous pouvez utiliser une digue dentaire ou un carré découpé dans un préservatif pour vous protéger des IST. Une douche (seul·e en amont, ou à plusieurs en intégrant ce moment au reste de la relation sexuelle) mettra tout le monde plus à l’aise. Là aussi, profitez des sensations peut-être nouvelles que vous découvrez à cette occasion !
– La pénétration peut elle-même prendre plein de formes différentes. Vous pouvez utiliser vos doigts, un pénis, des jouets adaptés (plug anal, gode,…), vous pouvez stimuler d’autres zones en même temps, tester la double pénétration si vous avez un vagin, etc.
– Et enfin, comme toute pratique sexuelle, si tous les partenaires ne sont pas partant·e·s, on oublie ! Mais ce qui est bien, c’est qu’il y a plein de choses très chouettes qu’on peut essayer tout·e seul·e, si on est curieux·se.
Attention : il est absolument indispensable d’y aller progressivement en taille et en profondeur ! Les scènes de sexe anal dans le porno ne sont pas réalistes, et les scènes de préparation nécessaire à une dilatation suffisante systématiquement coupées au montage.
Les sphincters qui entourent le rectum mettent du temps à se dilater, et si ça fait mal, on arrête tout de suite, on ne force JAMAIS l’entrée. La pénétration anale, si elle est faite progressivement et en communiquant, ne fait pas mal, promis.
Autre chose très importante, n’insérez pas d’objets qui peuvent potentiellement se « perdre » à l’intérieur de votre corps ; c’est comme ça qu’on finit aux urgences. Les sex toys adaptés ont une base plus large, ce qui évite tout accident de ce type.
« Préparer le terrain » peut déjà être source de beaucoup de plaisir, ça peut même tout à fait se suffire à soi-même. Commencez par des caresses sur les fesses, autour de l’anus, en étalant du lubrifiant (n’ayez pas peur d’être généreux·se). Vous pourrez ensuite vous aventurer du bout du doigt à l’intérieur du rectum. À chaque étape, on attend que la gêne éventuelle (gêne et non douleur, au risque de nous répéter) se dissipe, et que le corps soit bien détendu. Surtout si c’est la première fois qu’on est pénétré·e : les sensations nouvelles peuvent prendre le corps comme le mental au dépourvu.
Vous pouvez augmenter progressivement la taille de ce qui est inséré (un doigt, puis deux, ou un mini plug, puis un plug un peu plus grand, par exemple), toujours en vous assurant que la personne pénétrée est à l’aise et y prend du plaisir, et en ajoutant régulièrement du lubrifiant. Restez à l’écoute jusqu’à la fin : retirer l’objet, les doigts ou le pénis se fait également avec douceur…
Bien sûr, si le sexe anal ne vous attire pas, pour une raison ou pour une autre, ça ne se discute pas. C’est une pratique sexuelle qui demande du temps, de l’énergie, et de la motivation. Mais peut-être que cette pratique ne vous attire pas à cause d’idées reçues.
Vous savez probablement que vous pouvez obtenir beaucoup de plaisir, jusqu’à l’orgasme, en stimulant la prostate pendant du sexe anal. Mais saviez-vous que si vous êtes l’heureux·se propriétaire d’un vagin, vous avez tout de même de fortes chances de prendre votre pied, et même d’obtenir un orgasme ?
Tout d’abord, le rectum et l’anus sont des zones érogènes. Elles sont très innervées et sensibles, et sont à proximité de plein d’autres organes, nerfs, et muscles impliqués dans le plaisir. La pénétration anale peut ainsi stimuler le vagin (les deux canaux sont séparés par une fine paroi) et même le col de l’utérus !
Et, bien sûr, stimuler en même temps une autre zone érogène (le pénis, le clitoris, la vulve, le vagin…) décuple les sensations.
Enfin, comme vous l’avez sans doute compris, la pénétration, c’est technique et ça demande du temps. C’est donc normal s’il vous faut plusieurs tentatives pour y « arriver ». Mieux vaut profiter du moment, en rester à la stimulation extérieure si besoin, et réessayer un autre jour si le cœur vous en dit !