Note : ce texte utilise volontairement une binarité femmes-hommes, car le slut-shaming lui-même est un concept qui s’ancre dans le patriarcat et l’hétérocentrisme.
Le slut shaming est une expression anglophone, popularisée par des féministes américaines et canadiennes, qui provient de la contraction des mots “slut” (salope) et “shame” (honte). On lui trouve plusieurs traductions : chasse aux salopes, stigmatisation des salopes, humiliation des salopes, ou encore couvrir de honte les salopes.
Il n’y a pas une définition à proprement parler du slut shaming, mais voici ce que l’on peut en retenir : le slut shaming correspond à un ensemble d’attitudes intimidantes et/ou agressives envers les femmes. Ces attitudes tendent à stigmatiser ou culpabiliser les femmes en raison de leur comportement sexuel jugé “hors-norme” (pratiques sexuelles, nombre de partenaires, vêtements portés, etc.). Ce phénomène est le reflet de notre société qui apprend aux filles et aux femmes à être “respectables”, autrement dit à se conformer aux normes genrées instaurées. Plus concrètement, cela veut dire qu’il faut être séduisante mais pas vulgaire, avoir son premier rapport sexuel pas trop tôt mais pas trop tard non plus, etc. Lorsqu’une femme transgresse ces normes, il y a sanction, sous forme d’insultes, de harcèlement, de violence physique, d’isolement…
Aujourd’hui, internet a donné une nouvelle visibilité à ces comportements (qui sont très anciens). Le développement des réseaux sociaux en particulier permet aux utilisateur·ice·s de harceler ou d’humilier de manière massive et la plupart du temps en toute impunité.
On observe ce comportement chez les hommes, mais également chez les femmes, qui perpétuent ce phénomène sexiste qu’elles ont intériorisé très tôt. On entendra par exemple un groupe de filles dire d’une autre qu’elle “ne se respecte pas”.
Le terme “slut shaming” est récusé par certaines féministes. Elles ne remettent nullement en doute la réalité du phénomène mais critiquent l’emploi du mot “slut” qui perpétue un langage humiliant pour les femmes. D’autres défendent au contraire la réappropriation de ce mot en le défaisant de sa connotation péjorative.