Les estampes Shunga

Connaissez-vous les estampes japonaises explicitement sexuelles connues sous le terme de shunga ? On y voit des hommes et des femmes en pleins ébats, parfois dans des positions impossibles. Ils sont habillés, mais leurs organes génitaux sont dénudés, très visibles et souvent très gros. Des couples d’hommes sont également mis en scène.

Les estampes étaient diffusées tant dans l’aristocratie que dans les classes populaires sous forme d’albums. Elles étaient partagées entre amis, offertes aux jeunes mariés, y compris aux jeunes femmes.

Le plaisir réciproque est au cœur de ces images – yeux mi-clos, postures arquées, expressions d’extases… Elles témoignent d’une vision de la sexualité plus libre et plus joyeuse (grâce à l’humour des dialogues, notamment) que celle de l’ Europe à la même époque. Même aujourd’hui, pour un public occidental habitué au porno mainstream où le plaisir féminin n’est que très rarement pris en compte, elles sont plutôt rafraîchissantes !

Elles ont cependant été interdites au Japon au 18e siècle. Dans les faits elles étaient tolérées et les édits d’interdiction n’ont pas ralenti leur production. À cette époque, le sexe et le plaisir sexuel vécus dans l’intimité ne sont pas vus comme immoraux par la société japonaise. Ce n’est qu’à partir du 19ème siècle que, sous l’influence occidentale, ces œuvres deviendront réellement taboues au Japon.

Les historiens de l’art reconnaissent aujourd’hui qu’il s’agit d’œuvres d’art à part entière. On en trouve d’ailleurs dans le catalogue des plus grands artistes, Utamaro et Hokusai en tête. Vous pouvez donc en admirer dans certains musées ou expositions thématiques…

Illustration réalisée d’après une estampe de Kitagawa Utamaro (1799).