On vous a parlé – et même montré – les modifications de la vulve pendant les activités sexuelles, mais on ne vous avait pas encore dit ce qu’il se passait à l’intérieur… Car oui, le vagin aussi réagit à l’excitation et au plaisir, et pas seulement par la lubrification !
Les premières observations ont été faites par Masters et Johnson grâce, notamment, à un appareil inventé par leurs soins : un godemichet transparent en plexiglas équipé d’une caméra. A l’aide de ce dispositif, surnommé Ulysse, des volontaires ont été filmées « de l’intérieur » pendant une masturbation. Cela a permis aux deux pionniers de la sexologie de faire des observations totalement inédites. Depuis cette époque, des radiographies effectuées avant et après l’excitation ont permis de confirmer et de compléter leurs conclusions.
Grâce à tous ces travaux, et au talent d’illustratrice de Marion Dubois, nous avons réalisé la belle animation ci-dessous. Désormais, impossible d’ignorer ce qui se passe dans le corps féminin pendant l’excitation sexuelle !
Commençons par le commencement : à l’état de repos, les parois du vagin se touchent – comme deux paumes de main appuyées l’une sur l’autre – et son orifice est fermé. Voilà pourquoi on dit que le vagin est une cavité potentielle, et non un trou, comme on se le représente trop souvent. Il est donc naturellement clos. C’est la raison pour laquelle les gynécologues ont besoin d’un instrument spécial (le spéculum) pour l’observer. Il est important de le savoir car cela influe sur l’image que l’on a de soi-même et des personnes ayant un vagin. Mais cela mériterait un texte à part entière !
En dehors de toute excitation, la longueur du vagin est d’environ 7-8 cm et ses parois présentent plein de replis, un peu comme un éventail non déplié. Même non excité, il est légèrement humide. Mais attention, humide ne peut pas dire lubrifié ! Cela ne suffirait pas du tout pour une pénétration.
Dès que l’excitation s’installe, le liquide lubrifiant commence à perler à travers les parois du vagin. Des gouttes se forment – à la manière d’une transpiration – de plus en plus abondantes à mesure que l’excitation monte. Parallèlement le vagin commence à s’allonger et à se dilater. La couleur de ses parois devient plus foncée. Pendant cette première phase, on observe également un début d’élévation de l’utérus, lequel est comme tiré vers l’arrière et contribue ainsi à l’allongement du canal vaginal.
Au cours de la phase suivante, que Masters et Johnson ont nommé la phase de plateau, le vagin continue à s’allonger et sa couleur devient plus sombre. Il poursuit également sa dilatation, mais de manière différenciée : la partie la plus proche de l’orifice vaginal se resserre, tandis que la partie la plus en profondeur continue à s’élargir. On dit qu’il se produit une « ballonisation » du vagin. La lubrification se poursuit aussi mais à un rythme moins soutenu. L’utérus termine son élévation, dégageant ainsi les deux « culs de sacs » vaginaux (les espaces qui se trouvent de chaque côté du col de l’utérus) qui atteignent leur niveau d’expansion maximum. Masters et Johnson ont également noté une augmentation de volume de l’utérus chez plusieurs femmes, surtout chez celles qui avaient déjà eu des enfants.
A ce stade, les plis du vagin ont presque disparu et ses parois sont lisses, car en se dilatant et s’allongeant, il s’est aussi « déplié ». D’ailleurs, à propos de l’espace dessiné dans le fond du vagin par les deux « culs de sac », Masters et Johnson parlaient de « tente vaginale » !
Lorsque la tension sexuelle atteint un niveau suffisant, l’orgasme se déclenche. C’est la troisième phase décrite par Masters et Johnson. Le tiers externe du vagin (la partie la plus proche de la vulve) se contracte alors rythmiquement, de 5 à 10 fois en moyenne. L’utérus et l’anus se contractent également.
Au sujet de la durée et de l’espacement des contractions, les informations ne sont pas entièrement claires. Dans les livres de sexologie, on trouve le chiffre de 0,8 secondes. Mais selon certains ouvrages ce chiffre correspond à la durée des contractions, pour d’autres à l’intervalle entre deux contractions. En fait peu importe les chiffres, car la durée, le nombre et la force de ces contractions diffèrent évidemment selon les personnes et selon l’intensité de l’expérience orgasmique. D’autant que, à mesure que le pic de l’orgasme s’éloigne, leur intensité diminue et que l’intervalle entre chacune se rallonge.
Arrive ensuite la quatrième et dernière phase, appelée phase de résolution : le canal vaginal retourne alors lentement à son état initial. L’utérus reprend sa place et les culs de sac vaginaux se “dégonflent”. Le rétrécissement de l’entrée du vagin persiste un peu plus longtemps. Selon M & J, cela jouerait un rôle procréatif en mettant le col de l’utérus au contact du sperme éventuellement présent au fond du vagin et en le retenant à cet endroit. Ne cherchez pas, cette quatrième phase n’apparaît pas dans la vidéo, nous avons préféré terminer avec l’orgasme ! Précisons que lorsque la tension sexuelle n’a pas été suffisante pour déclencher le pic orgasmique, le retour à l’état de repos prendra un peu plus de temps.
Connaître ce phénomène nous permet de mieux comprendre pourquoi il ne faut pas se précipiter sur la pénétration. En effet, le vagin doit avoir eu le temps de se préparer. Et dans la plupart des cas, ce n’est pas un phénomène aussi rapide que l’érection. On dit qu’une femme met environ 20 minutes pour arriver à excitation complète. Donc on oublie les quickies, sauf bien sûr si on est déjà excité·e avant ! Car si on brusque le vagin, non seulement le plaisir ne sera pas au rendez-vous mais en plus on risque de le blesser.
Comment savoir que le vagin est prêt pour la pénétration ? Et bien, le fait que la personne dotée d’un vagin ressente dans son corps l’envie de pénétration vaginale est un très bon indice, une lubrification abondante en est un autre.
Contrairement au pénis dont les modifications se voient facilement, celles du vagin sont plus compliquées à observer. Mais, quand on sait ce qu’il se passe dans notre corps, on peut plus facilement les conscientiser, apprendre à se connaître et mieux communiquer. Alors soyez attentives·fs, à vous, à votre partenaire, et savourez !
En conclusion, citons Philippe Brenot, psychiatre, anthropologue et sexologue :
« La moitié des femmes ne savent pas que la phase d’excitation est cruciale, et la plupart des hommes l’ignorent, parce que, chez eux, elle est quasi instantanée : ils mettent deux minutes pour se trouver en érection, alors qu’une excitation analogue prendra au moins vingt minutes chez une femme très disponible, et jusqu’à plusieurs heures pour une femme plus inhibée. Certaines ne se trouvent donc jamais en condition d’éprouver le moindre orgasme ! »