Depuis un bon siècle, au moins, des militantes luttent pour que les femmes ne soient plus réduites à leur statut d’épouse et de mère. Clairement, depuis 1900, on a évolué : maintenant, il est à peu près acquis qu’une femme peut travailler, contrôler sa fertilité, épouser qui elle veut et rester célibataire. En France, empêcher une femme d’exercer ces libertés est considéré par la loi comme une violence.
C’est mieux, mais ce n’est pas encore parfait. On ne s’est pas débarrassé de l’idée qu’une femme “normale” doit faire des enfants, ou du moins vouloir en avoir. C’est la fameuse injonction à la maternité. Même si ça n’est plus obligatoire d’enfanter, ou au minimum d’essayer, ne pas vouloir d’enfant quand on a un utérus a priori opérationnel, c’est dévier de la norme. L’injonction se fait plus ou moins insidieuse, selon les cercles socioculturels, selon les familles. Si bien que certaines ne se rendent pas compte à temps que la parentalité, ce n’est pas pour elles. Pour preuve, les enquêtes et articles qui commencent à être publiés depuis quelques années sur les femmes qui regrettent leur statut de mère.
Tu peux faire l’expérience : déclare que tu ne veux pas d’enfant, un jour, à l’apéro. Au mieux, tu auras droit à des regards surpris, sinon c’est la réponse quasi automatique, “oh tu vas changer d’avis, tu verras”. On te considérera souvent comme suspecte, égocentrique, sans cœur. On te dira peut-être qu’on respecte ton choix, mais on trouvera ça dommage parce que “quand même, être mère, c’est tellement épanouissant”.
Et, en effet, ça peut l’être. La grossesse, la maternité, l’éducation, le foyer, ce sont des choix valables que nulle ne devrait être méprisée d’avoir faits. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une obligation ou d’une aspiration féminine obligatoire.