On le sait : le porno “mainstream” est conçu par des hommes pour des hommes (mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas des femmes et des filles qui en regardent). S’il y a bien un domaine dans lequel le male gaze est roi, c’est le porno ! C’est flagrant, particulièrement dans les vidéos mettant en scène des “lesbiennes”. Fantasmer sur un scénario lesbien, pourquoi pas, ça ne fait pas de toi une mauvaise personne même si tu n’es pas une femme attirée par une femme. Le souci c’est que, en dehors du porno, les lesbien·ne·s (et autres femmes qui aiment/désirent les femmes, disons fsf pour faire plus simple) sont très peu visibles dans l’espace public et les médias. Leurs expériences et leur vie sexuelle sont la plupart du temps tabous, sauf dans le cadre d’un fantasme hétéromasculin…
On le sait également : le porno n’est pas réaliste. Et le porno avec des fausses lesbiennes dedans ne fait clairement pas exception. Les exemples ne manquent pas, en voici quelques uns :
– les faux ongles et les vagins n’ont jamais fait bon ménage,
– la position des “ciseaux” pendant trois heures c’est intenable,
– les lesbiennes n’attendent pas l’arrivée d’un homme pour compléter leurs ébats (lesbiennes = pas d’homme ; bi et pan = pas forcément un appétit pour les plans à 3),
– les lesbiennes n’ont pas besoin d’une initiation sexuelle de la part d’une femme séductrice plus âgée. Elles font souvent comme tout le monde, elles tâtonnent jusqu’à trouver ce qui leur plaît.
Exposé·e·s à tous ces clichés, les personnes qui consomment ce genre de films pornos (y compris les fsf) vont intérioriser que la sexualité lesbienne n’est pas une vraie sexualité, qu’il manquera toujours quelque chose aux femmes attirées par les femmes, et que celles-ci sont avant tout des objets sexuels.
Que le couple de femmes qui n’a jamais subi de proposition sexuelle d’un homme voulant s’incruster lève la main, et qu’on sable le champagne !